Alexia Laroche-Joubert : une Secret Story

👀 Alexia Laroche-Joubert,
la transgression dans la peau

D’Alexia Laroche Joubert, on a souvent dressé le portrait d’une femme pressée. Pressée de réussir, d’abattre les murs et briser des plafonds de verre. C’est vrai qu’elle en abattus des murs. Surtout les nôtres. Toute sa carrière, elle n’a cessé de remplir un triple objectif : faire de l’audience, faire de l’argent et faire bouger des lignes que nous ne soupçonnions même pas. Pour cela, elle a dû transgresser sans cesse les règles établies et ses propres limites.

Revoyons les scènes au ralenti.

Elle n’a pas peur de la nouveauté

On appelle cela la chance, mais c’est plus souvent une question de concours de circonstances : être là au bon endroit au bon moment. Et savoir en profiter. Alexia Laroche-Joubert vient d’une famille de « pubard » et de grand reporter. Le sens des mots et de l’image, elle baigne dedans depuis toute petite.

Elle commence son aventure télévisuelle dans le grand bouillonnement des chaînes thématiques qui débarquent en France. Elle travaille notamment à Canal Jimmy qui est la première à importer des séries étrangères. Il n’y a pas de moyens, mais c’est la fête à la créativité.

Elle bosse ensuite à TF1 puis pour Stéphane Courbit, futur fondateur de Banijay devenu géant mondial de la télévision.

Et c’est là qu’elle rencontre le format Big Brother qui va changer sa vie.

Elle comprend aussitôt la révolution que permet ce programme et quand arrive le projet de Loft Story, elle se met d’elle-même sur les rangs pour le produire.

Elle n’est pas le premier choix. Mais producteurs approchés refusent tous. Concept trop sulfureux. Elle finit par en hériter, elle en fait l’objet télévisuel et culturel qu’on connaît. Et c’est une onde sismique qui secoue toute la société française. Laroche-Joubert est à la manœuvre pour essayer de tenir la barre d’un bateau qui tangue de toutes parts. Personne n’était formé ou préparé à ça. Elle a tenu le choc.

Elle enchaîne ensuite avec La Star Academy, La Ferme Célébrités, Secret Story… Elle sait repérer tous les concepts de programmes qui vont marquer toute une génération et qui vont bouleverser la télé, quoiqu’on en pense. Elle a compris que les jeunes voulaient partager leur vie intime avec le reste du monde. Et que cela ne leur posait pas de problème. Au contraire : ils en étaient valorisés.

Un changement de prisme qui préfigurait ce qu’il se passe aujourd’hui sur les réseaux sociaux.

Elle n’a pas peur de prendre des coups

On a un peu oublié la violence des réactions dans la société à l’arrivée de la télé-réalité en France. Loft Story a suscité de très nombreux commentaires, avant, pendant et après sa diffusion. Les journaux ont multiplié les articles et même Le Monde a fait sa une dessus. La dénonciation de cette trash TV s’est également accompagnée de contestations encore plus concrètes, comme des manifestations ou des opérations spectaculaires.

Et forcément, celle à qui l’on devait ça a subi son lot de critiques et d’insultes. Alexia Laroche-Joubert raconte avoir été traitée de proxénète par Ségolène Royal. De quoi lui tanner la peau pour pouvoir faire face à toute cette adversité. De quoi aussi lui donner la réputation d’être dure avec ses équipes, ce qu’elle ne nie pas.

Toute sa carrière, elle l’a menée en étant en première ligne. Elle a toujours accepté le fait que son métier c’était de vendre des programmes et de gérer les emmerdes du matin au soir. Et surtout, elle accepte la possibilité de se planter.

Corollaire à tout cela, elle aime prendre des risques. En 2020, elle tourne Koh-Lanta en plein Covid, sans assurance, et assume seule cette décision. Au moindre pépin, c’est la catastrophe financière. Koh-Lanta a été la seule émission au monde à avoir pris cette décision car Alexia Laroche-Joubert trouvait que ce programme était nécessaire pour tous les gens enfermés chez eux. À raison. L’émission est même sortie des pages de programmes télé pour entrer dans les pages sports.

Elle n’a pas peur des autres

Sa plus grande transgression est d’avoir mis des anonymes à l’antenne et d’avoir aimé ça. Elle raconte toujours son amour pour les castings et la rencontre d’anonymes qui n’ont pas tant l’habitude qu’on leur porte de l’attention. Des gens qui viennent de partout, et de tous les milieux sociaux.

Elle pense aussi que le concours des Miss France est un formidable accélérateur social pour des femmes qui n’auraient jamais un accès à la lumière. Et de renvoyer celles et ceux qui la critiquent à une forme de dédain de classe. Elle ne retient que les barrières qu’elle a fait tomber.

Elle n’a pas peur d’être là où on ne l’attend pas

On se refait rarement. Dans un récent portrait de Libération, Alexia Laroche-Joubert jurait en avoir fini avec le carriérisme et le workaholisme. Elle assurait être bien là, à gérer Koh Lanta et les Miss France.

Las, elle vient d’être nommée à la tête de la branche hexagonale de Banijay, premier producteur audiovisuel indépendant mondial. Et donc à la tête des 15 filiales de flux et de fiction, avec dans son portefeuille, des têtes d’affiche comme Nagui et Hanouna.

Toute sa carrière, elle a été là où on ne l’attendait pas. Productrice dans l’ombre de Loft Story, elle passe dans la lumière pour incarner la directrice de la Star Academy. Puis présentatrice d’une émission sur Equidia.

Elle a surpris tout le monde en prenant la présidence des Miss France. Et elle a encore plus surpris en changeant des règles qu’on pensait immuables : les miss pourront désormais être tatouées, mariées, mamans, trans... Alexia Laroche-Joubert, partout où elle passe, il y a un avant et un après.

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