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Aux origines du Black Friday

👉 pourquoi l'édition 2023 pourrait être la dernière

🔎 Hello, on vous explique cette semaine pourquoi tout ce qui fait la force du Black Friday pourrait se retourner contre cette pĂ©riode de promotions massives venue des États-Unis.

👉 OĂč l’on apprend que le « black » viendrait — entre autres — de la couleur de l’encre utilisĂ©e par les commerçants pour noter les bĂ©nĂ©fices de cette journĂ©e.

🧹 Au programme : 1 544 mots pour 4 minutes de lecture.

Enjoy ! David.

👀 Aux origines du Black Friday

Le Black Friday, c’est le Halloween de la consommation : une tradition venue des États-Unis et qui s’installe partout dans le monde, mĂȘme en France. À tel point qu’il y a dĂ©sormais plus d’attente pour ce vendredi lendemain de Thanksgiving que pour nos traditionnelles soldes.

Alors OK, une semaine de promotions trÚs agressives un mois avant le 25 décembre, ça aide au succÚs.

Comme derriĂšre chaque succĂšs, il y a une lĂ©gende, et que derriĂšre chaque lĂ©gende, il y a une newsletter Hupster dĂ©jĂ  publiĂ©e ou en cours d’écriture, voici l’histoire de la saga Black Friday.

Il n’y a pas une mais plusieurs lĂ©gendes qui racontent la naissance de ce phĂ©nomĂšne aux États-Unis. On vous donne trois pistes :

  • ‱ L’idĂ©e du Black Friday pourrait trouver ses racines juste aprĂšs la grande rĂ©cession de 1929 oĂč l’utilisation du discount permettait aux commerçants de se relancer. La journĂ©e est qualifiĂ©e de « noire » en rĂ©fĂ©rence Ă  la couleur de l’encre utilisĂ©e par les commerçants pour noter les bĂ©nĂ©fices de cette journĂ©e, en opposition au « rouge » qui indique les pertes et qui prĂ©domine le reste de l’annĂ©e.

  • ‱ On retrouve cette expression en 1951 pour dĂ©signer le nombre important d’employĂ©s qui se dĂ©clarent malades au lendemain de Thanksgiving et ne vont pas au travail.

  • ‱ On la retrouve Ă©galement dans les annĂ©es 60 Ă  Philadelphie plus particuliĂšrement. L’expression « Black Friday » est utilisĂ©e par la police de Philadelphie pour qualifier ce vendredi synonyme d’embouteillages et de mouvements dans tous les commerces de la ville qui multiplient les bonnes affaires.

À partir de lĂ , le principe va se rĂ©pandre trĂšs rapidement, d’abord aux États-Unis, puis au Canada, au Mexique, avant de toucher l’Europe, tardivement.

C’est sous l'impulsion d’Amazon que le Black Friday dĂ©barque en France au dĂ©but des annĂ©es 2010, exclusivement sur Internet d’abord. Les dĂ©buts sont timides, mais trĂšs vite, cette pĂ©riode de promotions dĂ©borde du numĂ©rique pour dĂ©trĂŽner les soldes traditionnelles chez tous les commerçants. Pour le Black Friday 2018, un record tombe en France, celui du nombre de transactions bancaires en une seule journĂ©e : 50 millions. On estime qu’en 2022, le chiffre d’affaires total approchait les 400 millions d’euros.

Toujours difficile de savoir qui est le vrai gagnant dans l’histoire : le commerçant qui Ă©cluse des stocks et fait sa marge sur les quantitĂ©s vendues, ou le consommateur qui fait de rĂ©elles bonnes affaires ? Si l’on s’en tient aux compte-rendus habituels, c’est du « win-win » pour utiliser un anglicisme autant utilisĂ© que dĂ©testĂ©.

Si on gratte un peu, on peut se demander si tout ce qui fait la force marketing du Black Friday n’est pas en train de se retourner contre lui.

On vous explique en 3 points.

1. Acheter seulement pour faire de bonnes affaires

Puisqu’on vous dit que TOUT est en soldes
 // © Getty Images

C’est Bloomberg qui met le doigt sur cette contradiction : les gens veulent faire des bonnes affaires et ce n’est pas forcĂ©ment une bonne nouvelle pour le commerce, surtout en pĂ©riode d’inflation.

Cette annĂ©e, tout le monde note que les consommateurs ne seront prĂȘts Ă  effectuer des achats que s’ils ont une bonne raison de le faire. Ils sont plus prudents et ils continuent de concentrer leurs dĂ©penses sur l’essentiel plus que le superflu.

Traduction : ils cherchent des rabais plus agressifs et les types de promotion qui ont fonctionnĂ© jusqu’ici ne suffiront pas.

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2. Acheter en novembre ce qu’on n’achĂšte plus en dĂ©cembre

Au moins c’est clair // © Getty Images

Dans la notion la plus communĂ©ment acceptĂ©e de ce qui fonde le commerce, le Black Friday est intĂ©ressant pour l’économie que s’il s’agit de nouvelles journĂ©es de consommation. Cela marche moins bien s’il se substitue Ă  d’autres pĂ©riodes similaires comme les soldes par exemple. C’était dĂ©jĂ  le cas et on va voir cette annĂ©e si ça l’est encore plus.

À grands coups de sondages et d’études, on nous assure que dĂ©sormais la majoritĂ© des Français compte sur le Black Friday pour faire ses courses de NoĂ«l. Un petit exemple pour illustrer ça. En 2022, la plus forte hausse des ventes a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e au « rayon » jouets : + 285% ! Pas mal, vous me direz. Alors oui. Mais si on regarde sur toute l’annĂ©e 2022, le marchĂ© du jouet est en baisse de 2,6%

Il ne s’agit mĂȘme pas seulement de vases communicants, la bonne santĂ© d’un Black Friday ne peut pas toujours compenser des problĂšmes structurels plus profonds.

3. Acheter pour ne pas garder

Acheter pour mieux régner // © Getty Images

Ce sont les grandes enseignes en ligne britanniques qui ont mis en lumiĂšre le phĂ©nomĂšne des retours massifs aprĂšs achats. Elles s’inquiĂštent de plus en plus de la maniĂšre dont elles vont devoir gĂ©rer les millions d’articles renvoyĂ©s par leurs clients.

Et c’est particuliĂšrement criant dans le domaine de la mode, et durant la pĂ©riode du Black Friday. Parfois, jusqu’à la moitiĂ© des vĂȘtements achetĂ©s sont renvoyĂ©s.

The Guardian raconte que chez le spécialiste de la mode en ligne Asos, 6 % seulement des acheteurs ont fait chuter ses bénéfices de 100 millions de livres sterling parce qu'ils commandent fréquemment des articles à prix réduit, dont ils renvoient une grande partie.

VoilĂ  comment ça se passe dans les tĂȘtes, en gros :

  • ‱ Finalement, est-ce que j’ai vraiment besoin de ça en ce moment ? Non, allez, je le renvoie.

  • ‱ Ça ne se verra pas si je le porte deux fois et je le renvoie.

  • ‱ Ça ne se verra pas si je le mets juste pour faire un Insta et je le renvoie.

  • ‱ Autant que je prenne deux tailles diffĂ©rentes pour ĂȘtre sĂ»r d’avoir la bonne, et la mauvaise je la renvoie. Surtout que ça taille serrĂ© en ce moment


RĂ©sultat : de plus en plus d’enseignes n’offrent plus le retour gratuit ou le rĂ©servent Ă  ceux qui dĂ©pensent le plus. Certaines se sont mises Ă  surveiller les habituĂ©s des retours. Elles utilisent Ă©galement l’IA pour identifier des produits renvoyĂ©s pour cause de problĂšmes afin de les retirer de la vente le plus vite possible.

Le Black Friday vu par le trafic Internet

  • 18% : la part du trafic Internet du mois de novembre 2021 rĂ©alisĂ©e la veille et le jour du Black Friday

  • 12h : l’heure Ă  laquelle les « ajouts au panier » sont les plus nombreux le jour J

  • + 62% : l’augmentation du nombre de ventes en ligne entre le lundi prĂ©cĂ©dant le Black Friday et le vendredi

  • 21h : l’heure Ă  laquelle ont lieu le plus grand nombre d’achats le jour J sur mobile. Sur desktop, la mĂȘme dynamique a lieu Ă  10h du matin

Sources : Salecycle

En conclusion


Et le « Super Tuesday » dans tout ça ? © Getty Images

Amis commerçants, il va falloir ĂȘtre imaginatifs. La stratĂ©gie d’allonger sans cesse la durĂ©e du Black Friday, voire d’inventer de nouveaux rendez-vous, comme le Cyber Monday, pour ajouter de nouvelles journĂ©es d’achats ne va pas changer l’état d’esprit de consommateurs plus prudents.

Pire, cette tactique attise les antis qui se mobilisent d’annĂ©e en annĂ©e, alors que la frĂ©nĂ©sie dĂ©pensiĂšre de cette pĂ©riode interroge. En 2022, un sondage d’Harris Interactive montrait qu’une majoritĂ© de Français interrogĂ©s mettaient en doute la rĂ©alitĂ© des promotions et associait le Black Friday Ă  la surconsommation.

D’ailleurs, cet Ă©vĂ©nement attire des critiques de la part des dĂ©fenseurs de l'environnement depuis ses dĂ©buts qui pointe l'incohĂ©rence entre la nĂ©cessaire prise de conscience Ă©cologique et l’objectif final de cette journĂ©e. Ainsi plusieurs initiatives sont menĂ©es, comme la journĂ©e sans achats du samedi qui suit le Black Friday, ou le Green Friday qui met en avant des alternatives locales et responsables et promet des articles non pas neufs, mais reconditionnĂ©s.

Le doute s’installe aussi chez certaines marques, comme Back Market ou Le Bon Coin, qui ont tentĂ© l’an dernier de se sortir de ce piĂšge court-termiste  du plus agressif sur les prix l’importe. Ebay refuse dĂ©sormais d’y participer afin de promouvoir une consommation durable et raisonnĂ©e. Une perte financiĂšre sĂšche mais un pari sur le long terme. Et un gros coup de pub.

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