• Hupster
  • Posts
  • Et si le vrai gagnant de l'IA n'était pas ChatGPT

Et si le vrai gagnant de l'IA n'était pas ChatGPT

👉 mais une autre pépite pleine de puces

🔎 Hello, on vous raconte cette semaine l’histoire de l’entreprise qui est encore plus incontournable qu’OpenAI quand on parle d’intelligence artificielle : Nvidia.

👉 Où l’on apprend que son patron a investi 30 milliards de dollars en dix ans pour en arriver là.

🧨 Au programme de ce 18ème numéro : 1 507 mots pour 5 minutes de lecture.

Enjoy ! David.

👀 Et si le vrai gagnant de l’IA n’était pas ChatGPT ?

Quand on parle d’intelligence artificielle, on pense forcément à Sam Altman (ou à son adjointe Mira Murati dont nous venons de faire le portrait sur notre chaîne YouTube) et ChatGPT tant ce logiciel conversationnel a pris de l’avance, notamment médiatique, sur tous ses concurrents. La course à l’usage sera déterminante pour savoir qui seront les vainqueurs et les perdants.

Mais sur le pan industriel de cette nouvelle « nouvelle économie », il y a déjà un vainqueur.

Il s’appelle Jensen Huang, et c’est le patron de Nvidia depuis 30 ans.

On vous raconte pourquoi rien ne peut se faire sans lui aujourd’hui.

Des débuts chaotiques

Jensen Huang, le nez dans les puces depuis tout petit // © Nvidia/CIE

Vous en connaissez beaucoup vous, des patrons de grandes entreprises technologiques qui sont encore là au bout de 30 ans, qui n’ont pas été débarqués par leur conseil d’administration, qui ont réussi à faire prendre à leur boîte tous les bons virages stratégiques, et qui ne s’appellent pas Mark Zuckerberg ou Elon Musk ? Non, il n’y en a pas beaucoup. Et le plus important d’entre eux probablement, c’est Jensen Huang, le boss de Nvidia, concepteur incontournable de puces pour l’intelligence artificielle.

Comme tout bon début de story, il y a une légende. Celle-ci ne débute pas dans un garage pour une fois, mais à la table d’un Denny’s, chaîne de restaurants américains ouverts 24h sur 24 qu'on trouve le long des autoroutes. Nous sommes en 1993 et Jensen Huang est attablé avec deux ingénieurs de Sun Microsystems. Lui aussi est ingénieur.

Venu de Taïwan avec ses parents, il s’est installé aux États-Unis à l’âge de neuf ans. Diplômé l’année de la sortie du premier Macintosh, il travaille lui chez Advanced Micro Devices, mais il a d’autres envies. Surtout, il a une vision qu’il partage avec ses futurs associés : l’avenir sera aux jeux vidéo et le PC va devenir un outil incontournable pour les gamers. Leur idée, c’est donc de se lancer dans la compétition des cartes graphiques et de permettre aux images d’être à la hauteur de l’ambition des jeux.

Alors tous les trois créent Nvidia, leur première puce et deux ans plus tard… C’est l’échec. Ils sont au bord de la faillite. Mais leur prochaine tentative sera la bonne et elle amorce déjà une révolution qui appelle celle d’aujourd’hui. Jusqu’à présent, les microprocesseurs travaillaient de manière séquentielle, en faisant les choses dans l’ordre.

Mais désormais, les nouvelles puces peuvent effectuer plusieurs tâches de manière parallèle et ça va beaucoup plus vite. Le succès de Nvidia va beaucoup plus vite aussi et ses cartes graphiques finissent par équiper les Xbox et les Playstation dès la fin des années 90.

Quand Nvidia se lance, il y a 70 fabricants de cartes graphiques. Dix ans plus tard, la société de Jensen Huang demeure la seule compagnie indépendante encore en activité.

Et c’est en continuant d’améliorer leurs puces, en poursuivant sans cesse les investissements dans le développement, que Nvidia va créer un point de bascule. Même si ce ne sont pas eux qui ont fait cette découverte cruciale.

UN MOT DE NOTRE SPONSOR

Sherpai, le guide IA pour atteindre les sommets des réseaux sociaux. Toutes vos données issues des réseaux sociaux au même endroit. L’intelligence artificielle pour les interpréter.

Le bon virage de l’IA

Le credo de Jensen ? Toujours avoir une puce à la main // © GettyImages

Nous sommes en 2011 à l’université de Toronto. Là, des chercheurs travaillent sur l’intelligence artificielle. À cette époque, il s’agit d’entraîner des ordinateurs à reconnaître des chats dans des images. Jusqu’ici, ils ont à leur disposition du matériel classique et des algorithmes codés par des humains.

Mais cette fois-ci, ils décident d’utiliser la puissance et le mode de calcul des cartes graphiques inventées par Nvidia. Et très vite, ils découvrent que celles-ci permettent d’entraîner leur modèle de reconnaissance visuelle en quelques heures au lieu de quelques semaines. C’est le vrai début de l’intelligence artificielle.

Jensen Huang comprend l’enjeu et va massivement investir dans ces nouvelles technologies. Mais pas seulement ça. À une époque où on n'en parle pas encore beaucoup, on est 10 ans avant qu’on ait tous entendu parler de ChatGPT ou de Dall-E, il va mettre toute l’entreprise au service de ce nouveau terrain de jeu. Et y investir près de 30 milliards de dollars en dix ans.

Nvidia choisit de concevoir les puces, de sous-traiter leur production, et surtout de se déployer bien au-delà de la mise au point de technologies de plus en plus performantes et adaptées pour les entreprises qui en ont besoin :

→ Elle va dédier des équipes pour travailler avec des scientifiques de l’IA pour anticiper les besoins dans la production de ses puces.

→ Elle va vendre des ordinateurs prêts à l’emploi et un cloud pour permettre à ses clients d’effectuer plus efficacement des tâches liées à l’IA

→ Elle va investir dans des start-up qui utilisent ses puces. Elles n’y sont pas obligés mais il n’y a rien de mieux sur le marché.

Bref, elle va devenir incontournable au moment où l’IA va exploser dans le grand public.

Le marché stratosphérique de l’IA

  • 24,8 milliards $ : le chiffre d’affaires de Nvidia en 2023

  • 4,4 milliards $ : les bénéfices nets record de Nvidia en 2023

  • 42 milliards € : le chiffre d’affaires prévisionnel du marché mondial de l’IA générative en 2023 (soit presque le double qu’en 2022 → 22 milliards €)

  • 80 milliards $: la valorisation boursière estimée d’OpenAI, entreprise dépendante à 100% des puces Nvidia pour ses logiciels

Sources : Cofisem/Statista

Comment rester au top

L’objet de tous les désirs // © GettyImages

Aujourd’hui, Nvidia représente 70% des ventes de puces pour l’IA et est devenu le guichet quasi unique en la matière. Alors qu’elle a des concurrents comme Google, Amazon, IBM, AMD… Ce qui lui a permis de rejoindre le club très fermé des entreprises dont la capitalisation boursière a dépassé les 1000 milliards de dollars. Et elle tire davantage des bénéfices de ses datacenters que de la vente des puces pour l’IA et des cartes graphiques pour le jeu vidéo.

Sa mainmise sur le marché est telle que des clients préfèrent attendre plus d’un an pour avoir les puces Nvidia plutôt que celles disponibles et moins chères des concurrents.

Mais nous sommes dans un domaine où les positions dominantes sont rarement éternelles. Et Nvidia va faire face à quatre écueils principaux :

→ Trop de pouvoir tue la confiance : les acteurs de ce marché commencent à être un peu inquiets que Nvidia soit en mesure de décider de manière unilatérale qui peut avoir des puces et en quelle quantité. Et en gros de choisir qui peut lui faire concurrence.

→ Une ruée vers l’or et des bouchons à prévoir : Évidemment, tout le monde veut profiter de l’explosion de l’IA dans les usages. Et sur un marché où l’américain Nvidia truste la conception des puces et le Taïwanais TSMC leur fabrication, la production pourrait ne pas suivre.

→ Concurrence et guerre des prix : Comme Nvidia impose ses tarifs, elle laisse de la place pour une concurrence agressive sur les prix. Mais pas seulement, un des enjeux de demain sera sa consommation en énergie de toute cette technologie et c’est où les concurrents essayent de reprendre de l’avance.

→ L’obstacle géopolitique : les restitutions imposées par les États-Unis dans les échanges commerciaux avec la Chine sont clairement un frein. Moins de ventes, et aussi moins d’accès à de précieuses matières premières pour fabriquer les puces.

One more thing : le dress code

The famous jacket // © GettyImages

Une légende ne se construit pas sans quelqu’un qui l’incarne. Et même s’il est très discret, Jensen Huang fascine celles et ceux qui l’approchent. Certains ne cachent pas leur fascination en l’interviewant. Lui n’arbore pas un col roulé, mais toujours la même veste en cuir. Il a ce côté cool, un peu distant, humble et un franc-parler parfois inattendu.

Il y a quelques jours, quand on lui a demandé s’il referait tout de la même manière, il a répliqué du tac-au-tac que jamais il ne deviendrait entrepreneur.

📖 Vous avez aimé nous lire ? Pour vous abonner ou abonner un de vos proches, c’est ici

💡 Vous avez une idée de story à nous transmettre, c’est ici

👋 Une remarque, une critique, ou simplement envie de discuter, c’est ici

😢 Vous avez reçu cette newsletter car vous êtes abonné à Hupster. Si vous aimez nos stories mais préférez faire une pause, vous pouvez vous désabonner, c’est ici