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Faut-il craindre la bulle du marché du tapis ?

👉 quand la rĂ©volution techno touche le coton, la laine et la soie

🔎 Hello, on a dĂ©cidĂ© de vous dĂ©crypter un objet de notre quotidien qui cache bien son jeu : le tapis.

👉 OĂč l’on apprend que c’est Ă  la mode de monter une start-up de tapis.

🧹 Au programme : 1 378 mots pour 5 minutes de lecture.

Enjoy ! David.

👀 Faut-il craindre la bulle du marchĂ© du tapis ?

Une rĂ©volution technologique, ça n’est pas fait que de 1 et de 0. Ça peut aussi ĂȘtre de la laine, du coton ou de la soie. Je viens d’en avoir la preuve en me plongeant totalement par hasard dans le business du tapis.

Je n’avais aucune idĂ©e de ce qui pouvait expliquer le boom des marques qui proposent des tapis originaux. Ça ne pouvait pas ĂȘtre qu’une simple tendance de design. Et en effet, les nouveaux marchands de tapis sont au cƓur de problĂ©matiques industrielles et marketing ultra contemporaines.

Et c’est ce que je vous propose de dĂ©crypter.

1. Un besoin de réconfort

Source : Business Of Home

L’ùre post-Covid que nous traversons est aussi une Ăšre post-Ikea. D’avoir Ă©tĂ© enfermĂ© chez nous tout en voyant via visio les salons et les chambres des autres nous a fait nous rendre compte de la tristesse de nos intĂ©rieurs, de leurs similitudes
 Sans oublier le contexte d’incertitude politique et Ă©conomique qui pousse Ă  la recherche du confort et de sens.

❝

On voit une rupture avec le désir d'environnements austÚres et propres qui a régné en maßtre au cours des 20 derniÚres années. On assiste à une évolution vers des couleurs et des matériaux plus profonds, des matériaux plus riches


Susan Clark, dans Businessofhome.com

Et voilĂ  que cette rupture s’incarne dans un objet inattendu, un peu tombĂ© en dĂ©suĂ©tude au point qu’on ne sait plus oĂč trop en acheter hormis dans de grandes chaĂźnes de magasins : le tapis, Ă©lĂ©ment du dĂ©cor Ă  la fois le plus visible, le plus abordable et le plus personnalisable de nos maisons.

Il y a des signes qui ne trompent pas les traqueurs de tendance : Angela Rose, une influenceuse amĂ©ricaine spĂ©cialisĂ©e dans le design et le DYI, s’est rendue compte que ses tapis provoquaient beaucoup de rĂ©actions au sein de sa communautĂ©.

L’évolution est aussi notable d’un point de vue comptable : le marchĂ© mondial des tapis et moquettes, Ă©valuĂ© Ă  82 milliards de dollars en 2022, devrait atteindre 120 milliards de dollars d'ici Ă  2030. 50% de hausse en 8 ans, on est dans un ordre de grandeur digne d’Apple !

Alors comme toujours quand il y a une demande naissante, l’offre ne tarde pas à s’organiser avec du trùs grand public et du trùs trùs haut de gamme.

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2. Tout est facile avec le tapis

Vous ĂȘtes plutĂŽt Ă  damiers, imitation peau de bĂȘte, 
 ? // © Business of Home

Mine de rien, quand on le regarde bien, ce bout de tissu présente un certain nombre de caractéristiques qui expliquent bien son retour en force :

→ Il est facile Ă  produire : comparĂ© Ă  des produits comme la literie, le mobilier ou l’éclairage, il est plus simple de crĂ©er un cahier des charges de toutes piĂšces puis une chaĂźne d’approvisionnement. Il est ensuite facile Ă  fabriquer mais aussi Ă  expĂ©dier.

→ Il est facile Ă  personnaliser : les avancĂ©es technologiques ont permis aux entreprises de ventes en ligne de mettre Ă  disposition de leurs clients des outils de conception personnalisĂ©e mais aussi de visualisation du rĂ©sultat dans leur environnement.

→ Il est facile Ă  licencier : parce que le tapis est simple Ă  produire, crĂ©er une ligne de produits met moins de six mois, ce qui permet de profiter de la hype de celui ou celle qui en devient la vitrine. D’oĂč la multiplication des collabs entre marques, designers et influenceurs. Et c’est ainsi que le tapis est devenu un Ă©lĂ©ment visible du dĂ©cor des vidĂ©os, des TikTok/Reels, et autres stories.

Les chiffres explosifs du tapis

  • 25 millions de dollars, la levĂ©e de fonds de l’ancien patron de Peloton pour lancer une start-up de vente de tapis en ligne aux États-Unis

  • 840 milliards de dollars, le marchĂ© mondial de la dĂ©coration de la maison en 2022 (Allied Market Research)

  • 13,2 milliards d’euros, l’estimation du marchĂ© de la dĂ©coration d'intĂ©rieur en France, donc 6,6 milliards d’euros juste pour les revĂȘtements des sols et murs (Les Echos Etudes)

  • 532 euros, le montant dĂ©pensĂ© en moyenne par an par les Français pour leur dĂ©coration intĂ©rieure hors ameublement (Les Echos Etudes)

3. Une approche « start up »

John Foley, des vélos connectés de Peloton à marchand de tapis // © GettyImages

Résultat, tout le monde y est allé de son tapis, chacun à sa maniÚre :

→ les marques existantes vont chercher des designers Ă  la mode pour crĂ©er de nouvelles gammes : Loloi avec la star du design Justina Blakeney.

→ celles qui n’en faisaient plus s’y sont remises : Schumacher, la maison de design rĂ©fĂ©rence aux États-Unis, relance sa production en interne qu’elle avait arrĂȘtĂ©e dans les annĂ©es 60.

→ celles qui n’en faisaient pas s’y sont mises : Monoprix vient de lancer une collection Ă©phĂ©mĂšre hommage aux annĂ©es 70 avec la reprise d’un modĂšle cĂ©lĂšbre Ă  l’époque.

→ les designers lancent leur propre marque : ViA Rugs, fondĂ©e par le designer et maĂźtre tisseur Jakub Staron pour rendre accessible au public, des tapis haut de gamme et sur mesure.

→ et enfin, de nouvelles marques se sont lancĂ©es : et lĂ , le monde de la start-up est ainsi fait qu’on invente un service qui n’existe pas et/ou on nous vend quelque chose dont nous n’avons pas besoin et qui devient essentiel.

Deux exemples :

Ruggable : c’est une des marques nouvelle gĂ©nĂ©ration devenue incontournable. Sa particularitĂ© est de vendre des tapis lavables soi-mĂȘme facilement. L’idĂ©e est venue Ă  sa fondatrice, Jeneva Bell, le jour oĂč son chien a ruinĂ© un tapis trĂšs cher chez elle. On n’a pas les dĂ©tails mais elle n’a pas rĂ©ussi Ă  rattraper la tache. Elle s’est dit qu’un tapis devrait ĂȘtre facilement nettoyable, alors elle a inventĂ© un systĂšme unique de tapis en deux parties, comprenant une housse lavable en machine qui s'accroche Ă  un tapis antidĂ©rapant. DĂ©sormais, elle a mĂȘme des reviews dans Vice.

Ernesta : Alors, c’est carrĂ©ment John Foley l’ancien fondateur et PDG de Peloton qui s’est lancĂ© dans le business du tapis personnalisĂ© avec un financement de 25 millions de dollars en capital-risque. Son idĂ©e Ă  lui, c’est d’aider le client qui a une idĂ©e prĂ©cise mais ne sait pas oĂč aller pour le faire. Il peut choisir sur Ernesta parmi toutes les combinaisons de modĂšles et de couleurs, et commander jusqu’à cinq Ă©chantillons pour se rendre compte de comment ça rendra chez lui. Une fois la commande ferme passĂ©e, il se fera livrer et mĂȘme installer le tapis chez lui.

4. DIY, tufting et audiences

Exemple du « tufting », on ne fera aucun commentaire (chacun ses goûts) // © @trishandersenart (Instagram)

Et si on pousse ce besoin de personnalisation jusqu’au bout, la suite logique c’est de le faire soi-mĂȘme. Ça existe, c’est tendance et ça s’appelle le «tufting» (le touffetage en quĂ©bĂ©cois). Je ne vais pas vous le dĂ©tailler, cet article de Elle le fait trĂšs bien.

Mais allez faire un tour sur Instagram, YouTube et TikTok, et vous verrez des vidéos aux centaines de milliers de vues.

DĂ©couvrir ce monde parallĂšle permet de comprendre encore un peu mieux tout ce qu’on vient de vous raconter.

Saint-Maclou, tissez pour nous !

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