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Taylor Swift is the new Steve Jobs

👉La stratĂ©gie business de la chanteuse la plus bankable au monde

🔎 Aujourd’hui, je m’intĂ©resse Ă  une chanteuse plus forte qu’Internet, que l’industrie du disque, que les Beatles, que Spotify
 : Taylor Swift.
👉 OĂč l’on apprend qu’elle a aussi inventĂ© le community building.
🧹 Au programme : que des histoires incroyables, des bras-de-fer Ă©piques, 1 962 mots et 7 minutes de lecture.
Enjoy ! David.

👀 Taylor Swift is the new Steve Jobs

source : gettyimages

Des millions de personnes tentent Ă  la mĂȘme seconde de prendre une place de concert, on n’avait jamais vu ça. ConsĂ©quence largement prĂ©visible, la billetterie n’a pas supportĂ© la charge et a plantĂ©. Ces millions de personnes avaient pourtant Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©es Ă  l’avance, reçu un code privilĂ©giĂ© rien que pour avoir le droit de tenter leur chance. Cette sĂ©quence frustrante s’est rĂ©pĂ©tĂ©e aux États-Unis, en France


Et la raison de cette folie porte un nom : Taylor Swift. Sa tournĂ©e mondiale, « The Eras tour », est un immense succĂšs et un Ă©norme bordel qui va se terminer en procĂšs contre l’organisateur, Ticketmaster. Mais ça n’empĂȘchera pas cette tournĂ©e, parce qu’elle se joue Ă  guichets fermĂ©s partout oĂč elle passe, de devenir la plus rentable de l’Histoire en dĂ©passant le milliard de dollars de recettes.

Taylor Swift est devenue une star jouant dans une autre catĂ©gorie, avec des chiffres de vente qui n’existent plus dans l’industrie. On peut Ă©videmment attribuer ce succĂšs Ă  son talent artistique. Mais pas seulement. Le parcours de de la chanteuse est aussi une liste de choix assumĂ©s, de prises de risques, d’intuitions, de dĂ©termination face Ă  un systĂšme peu enclin Ă  laisser les Ă©toiles briller en toute libertĂ©. 17 ans aprĂšs le dĂ©but de sa carriĂšre, Swift est devenue plus forte qu’Internet, que l’industrie du disque, qu’Apple, que les Beatles, que U2, que Donald Trump
 Que tout le monde quoi !

Et je vous propose de voir comment elle a rĂ©ussi. Une feuille de route qui n’est pas sans rappeler les 10 leçons de marketing de Steve Jobs, un artiste lui-aussi en la matiĂšre...

Avoir un excellent produit (leçon de Jobs n°1)

Il Ă©tait une fois une jeune AmĂ©ricaine blonde qui dĂ©cide de percer dans la musique en jouant de la country. À priori, il n’y a rien qui prĂ©dispose Taylor Swift Ă  devenir une superstar. À moins
 À moins d’avoir un truc en plus. Et c’est le cas. Elle a 13 ans, et elle sait dĂ©jĂ  qu’elle a un truc en plus. À force de persuasion, elle convainc ses parents de s’installer Ă  Nashville, capitale mondiale de la country.

DĂ©buts difficiles. Tous les labels la rejettent. Alors elle se met Ă  jouer ses propres morceaux dans des bars. Et ça fonctionne, elle finit par ĂȘtre repĂ©rĂ©e, mais pas comme elle le voudrait. RCA Records commence Ă  travailler avec elle et lui propose un contrat mais la maison de disques ne veut pas d’une Ă©niĂšme autrice-compositrice-interprĂšte de musique country. Elle pense aussi que le marchĂ© est saturĂ©. Elle la voit plutĂŽt en tĂȘte de gondole de chansons Ă©crites par d’autres. Et elle veut attendre sa majoritĂ©. Swift qui n’a que 15 ans, refuse : elle sait ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas. Elle sait aussi ce qu’elle vaut maintenant. Tout de suite.

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On me jugeait sur mon Ăąge, pas sur ma musique. Je ne voulais pas ĂȘtre une autre chanteuse. Je voulais qu'il y ait quelque chose qui me distingue et je savais que cela devait ĂȘtre mon Ă©criture.

Taylor Swift

Swift finit par signer avec une autre maison de disques qui mise sur elle. Avec raison, comme l’histoire le montrera. Ce que RCA avait oubliĂ©, comme l’explique trĂšs bien Rex Woodbury dans une trĂšs longue et passionnante analyse, le mĂ©tier d’un label de musique est de miser sur des talents qui vont s’imposer sur un territoire puis le dĂ©passer, pas de mettre des artistes dans des cases prĂ©-dĂ©terminĂ©es. L’erreur, c’est de ne pas avoir su mesurer le potentiel de l’artiste et d’avoir sous-estimĂ© la taille de son marchĂ©. C’est de ne pas avoir compris que Taylor Swift n’allait pas seulement sĂ©duire le public habituel de la country, c’est qu’elle allait y faire venir des jeunes, les convertir et les garder avec elle. Taylor Swift n’aura de cesse de faire Ă©voluer son style pour devenir tout simplement une superstar de la pop. Tout le monde reconnaĂźt que ce qui fait la diffĂ©rence avec bien d’autres chanteurs et chanteuses, c’est ce qu’elle met d’elle-mĂȘme dans sa musique et ses paroles.

Se battre pour ses IP (leçon de Jobs n°2)

Fin 2018, le contrat de Taylor Swift avec son label des dĂ©buts, Big Machine Records, arrive Ă  son terme. Jusque-lĂ , aucune raison de quitter ceux qui la soutiennent depuis toujours. Sauf que la chanteuse Ă©met une condition essentielle Ă  ses yeux : rĂ©cupĂ©rer les droits sur les masters de ses chansons. Au sein du label, on semble prĂȘt Ă  faire un gros chĂšque pour la garder, mais pas Ă  abandonner ces droits qui constituent un flux d’argent continu.

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Quelle est la valeur de ces masters si on pense aux 30 prochaines années ? Est-ce que ça vaut le coup de garder un artiste pour quatre albums ou plus ? Il faut soupeser la valeur du catalogue en face de la valeur de quelques nouveaux albums.

Un membre du label Big Machine Records

TrĂšs mauvais calcul, on le sait aujourd'hui
 Alors, devant l’impossibilitĂ© de rĂ©cupĂ©rer ses droits, elle signe avec une nouvelle maison de disques, Republic Records et en profite pour nĂ©gocier la propriĂ©tĂ© sur les masters de ses productions Ă  venir. Pas la mĂȘme erreur deux fois.

L’histoire ne s’arrĂȘte pas lĂ . Deux ans plus tard, Taylor Swift apprend que les droits de ses six premiers albums ont Ă©tĂ© revendus Ă  un fonds d’investissement. La chanteuse n’a mĂȘme pas Ă©tĂ© prĂ©venue. La goutte d’eau. Taylor Swift va alors tous les prendre Ă  leur propre piĂšge. Elle dĂ©cide de rĂ©enregistrer les albums en question et d’inciter les fans Ă  Ă©couter les nouvelles versions et pas les anciennes. RĂ©sultat, le fonds d’investissement se retrouve avec un catalogue sans valeur. Du jamais-vu.

De cette maniĂšre, Taylor Swift montre aux artistes qu’ils ne doivent rien cĂ©der sur leurs crĂ©ations qui fondent leur valeur intrinsĂšque. Et elle gagnera ainsi deux autres bras-de-fer. En 2014, elle fait retirer tous ses morceaux de Spotify, estimant que les artistes ne sont pas rĂ©munĂ©rĂ©s justement. À l’époque, elle est dĂ©jĂ  une des chanteuses les plus Ă©coutĂ©es au monde. C’est un manque Ă  gagner Ă©norme pour Spotify qui va tout faire pour la faire revenir sur sa dĂ©cision.

Mais Taylor Swift ne se bat pas que pour elle et elle ne rĂ©apparaĂźtra que cinq ans plus tard, quand Spotify acceptera certaines de ses conditions dans un deal global. Dans le mĂȘme temps, elle exigera aussi plus de transparence, de solidaritĂ© et de gĂ©nĂ©rositĂ© envers les artistes de la part de sa propre maison de disques, actionnaires de Spotify :

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J'ai demandé que toute vente de leurs actions Spotify se traduise par une distribution d'argent à leurs artistes, non récupérable. Ils ont généreusement accepté.

Taylor Swift

ManiĂšre Ă©lĂ©gante de dire qu’ils n’avaient pas trop le choix...

En 2015, elle fait plier Apple Ă©galement lorsque cette derniĂšre lance Apple Music en offrant Ă  tout le monde trois mois d’essai gratuits. Et en dĂ©cidant que durant cette pĂ©riode, les artistes ne seraient pas rĂ©tribuĂ©s. Taylor Swift envoie alors une lettre ouverte aux dirigeants d’Apple qui reviennent dans la journĂ©e sur leur dĂ©cision. Avec excuses en prime

Construire une communauté engagée (leçon de Jobs n°3)

Cela paraĂźt Ă©vident de dire cela aujourd’hui. Mais entretenir un lien continu avec sa communautĂ© reste toujours compliquĂ© et nĂ©cessite Ă  la fois une stratĂ©gie et de la persĂ©vĂ©rance. Dans sa derniĂšre newsletter, The Audiencers analyse comment nous sommes en train de basculer du Social Media Manager au Community Builder, oĂč la mĂ©trique ultime est celle de l’engagement autant que de l’audience.

Et bien, Taylor Swift ne nous a pas attendus pour le mettre en pratique. DĂšs le dĂ©but de sa carriĂšre, elle est hyper active sur Tumblr. On recense quelque 27 000 interactions avec ses fans. Avec une culture web totalement maĂźtrisĂ©e. Et qui dit culture web, dit mĂšmes. Le plus cĂ©lĂšbre est probablement le « No, it's Becky ». Un utilisateur de Tumblr avait racontĂ© l'histoire d'une fille nommĂ©e Becky, dont la photo qui ressemblait Ă  une jeune Taylor Swift. Peu de temps aprĂšs, Taylor Swift est prise en photo portant un t-shirt « No, it's Becky ». Des Ă©changes qu’elle continue de pratiquer sur TikTok aujourd’hui.

Taylor Swift a compris qu’il fallait aller chercher les fans lĂ  oĂč ils se trouvaient. Et lĂ , vous obtenez ce que Rex Woodbury appelle, des superfans. Le Graal pour toute marque. Ce sont eux qui achĂštent tout (et ce qu’il y a de plus cher), font votre promo, vous dĂ©fendent, assistent Ă  vos concerts mĂȘme s’ils n’ont pas eu de place, en se massant Ă  l’extĂ©rieur du stade par exemple
 Taylor Swift a toujours pris soin de ses superfans qui ont mĂȘme un nom, les Swifties. Elle dialogue avec eux, les invite Ă  ses sessions secrĂštes chez elle, leur crĂ©e des produits dĂ©rivĂ©s, des exclusivitĂ©s en quantitĂ© limitĂ©e qui renforcent leur sentiment d’appartenance Ă  cette communautĂ©.

Faire parler de soi-mĂȘme quand on ne dit rien (leçon de Jobs n°4)

Alors, certes, Taylor Swift n’a cessĂ© de faire Ă©voluer sa carriĂšre artistique et son personnage pour rester en haut de la vague. Nous avons grandi avec elle et elle aussi. On peut aussi louer la maniĂšre dont elle a gĂ©rĂ© son image, ses prises de paroles, ses coups de communication, ses engagements fĂ©ministes
 Ses chansons, ses clips, on peut Ă©videmment y retrouver beaucoup d’elle, c’est sa marque de fabrique, mais il y fait passer des messages, place des Easter Eggs, invite des guests Ă©tonnants, rĂšgle des comptes
 À chaque fois, il y a Ă  dĂ©crypter, et ses fans, les mĂ©dias, personne ne s’en lasse.

Elle a aussi su revenir d'un shitstorm d’oĂč elle ne partait pas gagnante, en retournant la situation. Ce n’est pas donnĂ© Ă  tout le monde. Durant des annĂ©es, elle et Kanye West se sont opposĂ©s, rĂ©conciliĂ©s, fĂąchĂ©s Ă  nouveau et ainsi de suite. Tout avait commencĂ© sur la scĂšne des MTV Music Awards de 2009 : au moment oĂč Taylor Swift montait sur scĂšne pour recevoir le prix du meilleur clip, le rappeur Ă©tait montĂ© sur scĂšne pour dire que c’est Beyonce qui aurait dĂ» gagner.

Leur affrontement a pris une telle ampleur en 2017 que la chanteuse a dĂ©cidĂ© de disparaĂźtre des mĂ©dias et des rĂ©seaux sociaux, supprimant mĂȘme tous ses posts. Ce qui n’a pas empĂȘchĂ©, bien au contraire, que son absence soit commentĂ©e en long et en large. Et quand un an plus tard, elle a fait sa rĂ©apparition surprise, ce n’était plus tout Ă  fait la mĂȘme. Elle s’était rĂ©inventĂ©e et dĂšs cet instant, elle a repris la main et n’a plus subi. Et tous les projecteurs se sont braquĂ©s sur elle...

Conclusion : being Steve Jobs avant Steve Jobs

Que dire pour finir de brosser cet impressionnant portrait ? Taylor Swift a rĂ©ussi Ă  instiller cette impression que rien n’a existĂ© avant elle et qu’elle sera toujours lĂ . Ce n’est pas donnĂ© Ă  tout le monde. C’est mĂȘme la marque des plus grands. Et pourtant, elle est toujours aussi prolifique et rien ne semble pouvoir l’arrĂȘter.

Et au fait, une derniùre chose importante : elle n’a que 33 ans


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