Pourquoi Microsoft va gagner à la fin

👀 Pourquoi Microsoft va gagner à la fin

Microsoft est devenue cool. Ceux qui se souviennent de la danse du lancement de Windows 95 savent que « cool » n’est pas le qualificatif qui vient immédiatement à l’esprit quand on pense à Microsoft.

Pourtant, Microsoft est devenue cool. Depuis, en gros, que Satya Nadella a pris les rênes de l’entreprise à ceux qui incarnaient encore la génération Bill Gates.

Microsoft a, à la fois, survécu à de nombreuses déconvenues industrielles et stratégiques mais elle a aussi réussi à prendre récemment les virages technologiques qu’elle avait jusqu’à présent ratés.

Alors non seulement Microsoft est devenue cool mais, on l’a vu avec le drama OpenAI / Sam Altman, désormais c’est elle qui dicte les règles du jeu. Ça ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps. Et c’est ça qu’elle a réappris à faire au fil du temps.

On va vous expliquer comment.

Microsoft a survécu à Apple

Il y a eu un temps où on ne donnait pas cher de Microsoft.

C’est Apple qui était cool. C’est Apple qui avait le meilleur système d’exploitation. Mais c’est Apple qui était cher et qui vendait des ordinateurs là où Microsoft se contentait du système d’exploitation, en vendant des licences aux constructeurs de PC. Un coup de génie qui a imposé Windows comme le système d’exploitation par défaut de tous les PC par souci de standardisation des ordinateurs.

Même si Apple a souvent gagné la bataille de l’image, la balance commerciale a d’abord été du côté de Microsoft. C’est là où l’entreprise menée alors par son fondateur Bill Gates a compris qu’elle n’était pas obligée d’être clinquante pour gagner de l’argent.

Alors oui, Microsoft va perdre la bataille du cool pour gagner celle de la mondialisation des ordinateurs personnels. Et on n’oubliera pas, que pour la petite histoire, c’est Microsoft qui a sauvé Apple de la banqueroute en injectant de l’argent dans l’entreprise à la pomme, alors mal en point. Ce qui correspondait au retour d’un certain Steve Jobs aux manettes en 1997.

C’est parce qu’elle est bien toute puissante, qu’elle a de la trésorerie à ne plus savoir qu’en faire, qu’elle va faire les mauvais choix.

Microsoft a survécu à toutes ses erreurs

Au début des années 2010, avec la chute des ventes des PC, les faiblesses structurelles de Microsoft apparaissent au grand jour. Certes, la marque est omniprésente dans le monde de l’entreprise mais elle a manqué tous les tournants technologiques majeurs pour le grand public et s’est aventurée sur des terrains risqués :

• • Ils ont raté le train de l’Internet : Microsoft était pourtant dès le départ en position hégémonique avec son Internet Explorer. Ils ont fait illusion un moment, mais seulement parce que le navigateur était installé par défaut. Et une fois que les autorités de régulation leur ont dit que ça ne se faisait pas, Internet Explorer a disparu de la circulation.

• • Ils ont raté l’aventure du moteur de recherches : avec Bing, on ne peut pas dire qu’ils ont inquiété Google jusqu’à présent (on en parlera plus loin, ce n’est pas fini).

• • Ils ont raté le train des réseaux sociaux : et pourtant ce sont eux qui ont inventé MSN qui a tenu une place si importante dans les débuts de l’Internet grand public. Lancé en 1995, MSN était LA messagerie des années 2000, avec son chat et toutes ses fonctionnalités d'envoi de photos, d’appels vidéo… Il aurait pu devenir un grand réseau social s’il n’avait pas été plombé par les bugs, les spams et l’absence de développement. Il a tracé la voie pour Facebook et Twitter.

• • Ils ont raté le train du hardware : le baladeur Zune, la tablette Surface, le bracelet connecté Band, le casque de réalité augmentée HoloLens, le smartphone Lumia avec Nokia… Microsoft est arrivé sur ces marchés souvent bien trop tard, avec des appareils qui n’apportaient rien en termes de services ou de design.

Heureusement, ils n’ont pas tout raté.

• • Ils ont investi avec succès dans l’univers du jeu vidéo avec la console Xbox pour devenir le rival de Sony et Nintendo.

• • Ils ont misé sur le « cloud » à destination des entreprises pour devenir le numéro 2 du secteur juste derrière Amazon. Une reconversion moins clinquante mais très rentable qu’on doit au nouveau boss, Satya Nadella.

• • Et pour le reste, la profondeur de leur trésorerie leur a permis de réussir de bons coups comme le rachat de Skype, de Minecraft, de LinkedIn, et tout récemment d’Activision. Un coup qui a démontré une des grandes qualités de Microsoft : son service juridique.

Microsoft a survécu aux autorités de régulation

Depuis ses débuts, Microsoft n’a pas forcément les meilleurs produits ou les meilleurs services, mais elle a le don pour vous les imposer. Ce qui n’est forcément pas du goût des régulateurs.

Alors régulièrement, elle a dû faire face à de nombreuses procédures pour abus de position dominante. Elle n’a pas toujours gagné, ce qui lui a coûté des milliards de dollars, mais elle n’a jamais perdu l’essentiel : son intégrité. En 2000, elle a bien failli être démantelée par l’exécutif américain mais celui-ci a changé d’avis au dernier moment.

Un de ses derniers faits d’armes, c’est d’avoir réussi à faire accepter le rachat de l’éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard pour 69 milliards de dollars. Il aura fallu attendre plus d’un an après l’annonce, et de nombreux rebondissements pour que le rachat devienne effectif.

Ce « case study » a été épluché à l’échelle mondiale pour être certain que cette acquisition ne bouleversait pas le paysage concurrentiel. L’autorité de régulation des marchés et de la concurrence britannique s’y est d’ailleurs opposée au départ, et Microsoft a dû revoir sa copie, donner un certain nombre de garanties avant d’avoir le feu vert définitif il y a quelques semaines.

Microsoft va ainsi pouvoir devenir la troisième plus grande société de jeux vidéo au monde en termes de chiffre d’affaires.

Microsoft a survécu à un coup d’Etat dans l’IA

Un de ses meilleurs coups de ces dix dernières années, c’est d’avoir investi dans OpenAI. D’abord un petit milliard de dollars pour voir, dès 2019, quand on n’en parlait pas encore. Puis 10 milliards cette année avec l’objectif d’intégrer l’intelligence artificielle générative dans ses logiciels de bureautique, son moteur de recherches, vous savez, le Bing dont on parlait plus haut…

Microsoft avait donc misé beaucoup d’argent et d’espoir dans une entreprise sur laquelle elle n’avait aucune prise de par son statut un peu particulier d’organisation à but lucratif plafonné. La preuve, elle n’avait été avertie qu’au dernier moment de l’éviction de Sam Altman. Un départ et une mauvaise nouvelle pour Microsoft et son objectif d’intégrer au plus vite les nouvelles fonctionnalités de ChatGPT.

Mais toute cette histoire s’est transformée en opportunité pour Microsoft et lui a donné l’occasion de reprendre la main. C’est encore Satya Nadella qui a été à la manœuvre. Pour forcer le conseil d’administration d’OpenAI à réintégrer Altman, Satya Nadella se disait prêt à l’embaucher lui et tous les collaborateurs qui voudraient le suivre. Et il y en avait plus de 700. Un coup de poker payant puisqu’Altman a été réinstallé à son poste au bout de quelques jours.

On ne sait pas encore si c’est une bonne nouvelle pour l’intelligence artificielle (et pour l’humanité), mais c’est à coup sûr une très bonne nouvelle pour Microsoft.

Près de 50 ans après sa création, le géant de Seattle prend la main sur la plus grosse pépite de cette nouvelle ère technologique qui s’annonce. Et Microsoft montre au passage que rien ne peut se faire sans elle.

Ce n’était pas le cas il y a encore peu.

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