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Vinted, l'occasion fait le daron

👉 l'histoire d'un géant venu de Lituanie

🔎 Hello, on vous emmĂšne cette semaine dans un empire de la seconde main qui est aussi accessoirement l’une des rares pĂ©pites mondiales de la tech d’origine europĂ©enne : Vinted.

👉 OĂč l’on apprend que Vinted a vĂ©ritablement explosĂ© aprĂšs avoir licenciĂ© 40% de ses effectifs

🧹 Au programme de ce 1er numĂ©ro de 2024 : 1 256 mots pour 3 minutes de lecture.

Enjoy (et bonne année) ! David.

👀 Vinted, l’occasion fait le daron

Ce qui est original dans la saga Vinted, c’est qu’il n’y a pas seulement une lĂ©gende mais deux concernant son histoire.

La premiĂšre, c’est sa crĂ©ation. Tout se passe en Lituanie en 2008. Une Ă©tudiante de 21 ans, Milda MitkutĂ©, fait le tri dans son dressing. Elle se rend compte qu’elle a plein de vĂȘtements neufs jamais portĂ©s et qu’elle pourrait les revendre. Elle fait appel Ă  un ami informaticien pour monter un site au concept simple : permettre de mettre ses vĂȘtements en vente en quelques clics seulement.

TrĂšs vite, le petit projet devient success-story et attire les investisseurs. Ainsi naĂźt Vinted. Avec une premiĂšre levĂ©e de fonds de 58 millions de dollars, la start-up grossit et se dĂ©veloppe Ă  l’étranger, notamment en France en 2013. Mais tout va trop vite, les pertes se creusent et Vinted se retrouve au bord de la faillite en 2016.

C’est lĂ  qu’arrive la seconde lĂ©gende : la rĂ©surrection. Et elle prend la forme d’un consultant, venu pour une mission de quelques jours et qui n’est jamais reparti. L’homme s’appelle Thomas Plantenga, il est hollandais et il propose une thĂ©rapie de choc (40% de licenciements, des fermetures de bureaux
) et un changement de business model : dĂ©sormais, c’est l’acheteur qui paiera les frais sur les annonces et plus le vendeur. Et Vinted rĂ©duit ses frais.

Ça n’a l’air de rien mais ça change tout, l’offre disponible explose. Notamment avec l’épisode Covid oĂč il n’y avait pas grand-chose d’autre Ă  faire que vider nos penderies, et puis avec l’inflation rĂ©cente qui incite Ă  faire attention Ă  ses dĂ©penses.

Aujourd’hui, Vinted, c’est 80 millions d’utilisateurs dans 20 pays, 500 millions d’articles en lignes, un chiffre d’affaires de 370 millions d’euros, un volume d’affaires de 3 milliards d’euros, une valorisation de 3 milliards


En 4 questions, on va essayer de comprendre pourquoi Vinted cartonne.

C’est addictif ?

Couleurs flash sur les rĂ©duc’, petit cƓur Ă  cliquer, notifications
 On comprend mieux pourquoi on est addict // © Vinted

Alors oui, trĂšs clairement. Que ce soit pour acheter ou pour vendre. L’application est conçue pour vous inciter Ă  acheter, Ă  trouver la piĂšce qui vous manque, Ă  vous mettre dans un Ă©tat d’alerte permanent : elle vous signale quand des vĂȘtements que vous pouvez aimer sont mis en vente, et quand ils sont vendus Ă  d’autres que vous
 De quoi vous mettre la rage d’avoir ratĂ© une affaire et de vous donner envie que ça ne vous arrive plus.

Une thĂšse menĂ©e au sein de l’universitĂ© de Lille mettait l’accent sur ce point : « Vinted met le pratiquant dans l’urgence. Vous avez envie de choper la bonne affaire le plus vite possible et surtout avant les autres. Tout est fait pour vous faire rester sur la plateforme. Vous avez les notifications, la possibilitĂ© de mettre des articles en favori, un nombre incalculable de nouveaux produits qui arrivent chaque seconde. »

RĂ©sultat : on assiste Ă  une frĂ©nĂ©sie d’achat chez les 18-34 ans qui reprĂ©sentent plus de la moitiĂ© des utilisateurs de Vinted. Toute une gĂ©nĂ©ration qui ne se dĂ©place guĂšre dans les magasins.

Et signe qui ne trompe pas, l’application est tellement en phase avec la culture web qu’elle cultive ses propres rĂ©fĂ©rences numĂ©riques et ses mĂšmes.

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C’est rĂ©munĂ©rateur ?

Pour devenir riche, cliquez sur le nuage // © Apple

Certains et certaines gagnent de l’argent avec Vinted. D’autres en Ă©conomisent. Mais peut-ĂȘtre pas tant que ça.

CĂŽtĂ© vendeurs donc, Vinted est devenu une source de revenus non nĂ©gligeable surtout quand on ne travaille pas encore. Une enquĂȘte de France Info raconte l’exemple de cet Ă©tudiant en droit qui passe deux heures par jour sur la plateforme pour acheter et revendre des paires de baskets. Une activitĂ© qui lui rapporte en moyenne 25 euros par jour. Chronophage mais utile.

Pour d’autres, Vinted est une activitĂ© professionnelle Ă  part entiĂšre. Mais pour cela, il faut acheter des stocks en gros Ă  des fournisseurs, entreposer ça dans son logement et passer son temps Ă  faire des photos et des colis.

CĂŽtĂ© acheteurs, c’est devenu un passage obligĂ© quand on cherche un vĂȘtement pas cher. Mais c’est lĂ  si on ne sait pas si ça vous fait vraiment gagner de l’argent Ă  la fin. C’est lĂ  oĂč il y a un biais. Car Ă  force de vous inciter Ă  acheter, tout ce que vous Ă©conomisez sert souvent Ă  acheter toujours plus. Pas forcĂ©ment de pouvoir d’achat en plus donc.

C’est Ă©colo ?

Et si Vinted finissait mĂȘme par remplacer la Poste ? // © Carrefour

C’est l’argument marketing principal avancĂ© par Vinted : « En optant pour de la seconde main, tu te fais plaisir et tu fais un geste pour la planĂšte ». L’entreprise a mĂȘme sorti son propre rapport sur l’impact climatique pour prouver ses dires. Il y a deux ans, elle a lancĂ© un nouveau service de livraison basĂ© sur des points de collectes et de dĂ©pĂŽt pour Ă©viter la pollution du dernier kilomĂštre de la livraison Ă  domicile. Et pour inciter Ă  utiliser ces consignes, elle a baissĂ© ses frais.

Alors oui, favoriser l’achat de seconde main, que ce soit sur Vinted ou ses concurrents, c’est mieux pour le climat. Les chiffres montrent que le marchĂ© de l’occasion explose partout. À l'Ă©chelle mondiale, le marchĂ© de l'habillement de seconde main, d'une valeur de 177 milliards de dollars, devrait presque doubler d'ici Ă  2027, soit trois fois plus vite que l'ensemble du marchĂ©.

Seul problĂšme, l’achat du neuf est toujours aussi important, il continue d’augmenter. Cette Ă©conomie de l’occasion ne s’est pas encore substituĂ©e, elle s’est ajoutĂ©e pour le moment. Certes, la concurrence de Vinted fait du mal Ă  certaines enseignes qui ont dĂ» fermer boutique. Mais d’autres ont pris la place en misant tout sur la fast-fashion. Et lĂ , on pense Ă  Shein, l’enseigne chinoise Ă  la croissance folle, capable de proposer 10 000 nouveaux articles chaque jour.

C’est l’avenir ?

L’ennemi public n°1 de la Seconde Main // ©Hupster

Oui trĂšs certainement. Mais seulement si le marchĂ© de l’occasion vient vraiment en rupture de celui du neuf. Si on finit par rĂ©utiliser davantage qu’on ne produit.

Un bras de fer trĂšs intĂ©ressant est d'ailleurs en train de se nouer avec certaines plateformes de reventes et de fripes qui bannissent de leur site les marques de fast fashion. Vinted ne s’est pas joint Ă  cette bataille et l'application est attendue au tournant. En tout cas, ses concurrents en ont fait un argument marketing pour se dĂ©marquer de lui.

Et un seul chiffre pour illustrer l’autre dĂ©fi de ce marchĂ© : aujourd’hui, moins de 1 % de tous les vĂȘtements jetĂ©s dans le monde sont recyclĂ©s.

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